Auteur : Louis GARDET.
 
Tome 10 - Colonne 750
Acheter l'article complet
5 €
Titre de l'article : MASSIGNON (LOUIS), 1883-1962.
Début de l'article :
— Louis Massignon, l'un des plus remarquables islamologues du 20e siècle, porte un témoignage où s'unissent avec une intensité rarement atteinte une oeuvre scientifique de premier ordre et une vie toute donnée à Dieu. Et non point sur deux plans différents : l'oeuvre et la vie s'éclairent l'une par l'autre. Il naquit à Nogent-sur-Marne le 25 juillet 1883. Dès 1896, au lycée Louis-le-Grand, à Paris, il noue amitié avec le futur sinologue Henri Maspero ; en 1900, à l'abbaye de Ligugé, se situe sa rencontre avec J.-K. Huysmans, sur laquelle il reviendra maintes fois. En 1904-1906, après une étude sur Léon l'Africain (16e siècle), sa vocation de savant s'oriente définitivement vers l'Islam et les pays d'Islam : congrès d'Alger, 751 voyage au Maroc, Institut français d'archéologie orientale du Caire. L'épisode décisif fut une mission archéologique en Irak, au cours de laquelle des amis musulmans de Bagdad devinrent ses garants en des circonstances difficiles. Le 3 mai 1908, pendant une randonnée sur le Tigre, il vécut des heures douloureuses et fulgurantes qui seront pour lui la rencontre de l'Hôte divin, plan de clivage de toute sa vie, cette conversion dont il ne cessera d'expérimenter la brûlure dans une présentialité de tout instant. Et son Fiat, qui fut total, se formula en son coeur et sur ses lèvres par des paroles d'Ibn Mansûr al-Hallâj, qu'il étudiait, et qu'il appellera bientôt « le martyr mystique de l'Islam ». Il songera un temps à rejoindre à Tamanrasset Charles de Foucauld. Il opta en 1914 pour la voie du mariage, et resta en correspondance épistolaire avec Foucauld jusqu'en 1916. L'ultime lettre de ce dernier trouvée au lieu même de sa mort lui était adressée. Le contexte socio-culturel, la « courbe de vie » et l'oeuvre de Hallâj, condamné à mort et exécuté au début du 10e siècle par les autorités abbâsides pour avoir prêché Dieu Amour dans les souks de Bagdad, furent désormais le centre des recherches et des méditations de Massignon. La Passion de Hallâj fut le sujet de sa thèse de doctorat. Imprimée en Belgique en 1914, détruite lors de la première guerre mondiale, elle ne fut éditée qu'en 1922. Les faits...

[...]



Cet extrait est constitué d'environ 1 page et l'article complet contient 6 pages.