— « Il n'y a pas une image qui se soit aussi profondément ancrée dans la tradition chrétienne primitive que celle de Jésus, le grand médecin miraculeux », écrit A. Oepke (Kittel, t. 3, p. 208). « Jusqu'à maintenant, on n'a pas étudié exhaustivement les thématiques du « Christ médecin », de « l'Esprit Saint remède », présentes dans la patristique orientale (syriaque et grecque), dit de son côté A. M. Triacca (Il sacramento dei malati. Aspetti antropologici e teologici della malattia, Turin, 1976, p. 65). Notre article, limité à la patristique, se propose d'illustrer l'affirmation de Oepke et de satisfaire thématiquement, sinon exhaustivement, à la remarque de Triacca. 1. Activité guérissante de Jésus. — 2. Le Christ médecin des corps et des âmes. — 3. Le Christ vainqueur d'Asclépios. — 4. Le Christ, unique médecin. — 5. Le Christ médecin de l'humanité. — 6. Les maladies que guérit le Christ. — 7. Remèdes du Christ. — 8. Prières au Christ médecin.

1. L'activité guérissante et salvatrice de Jésus.

— Parmi les « noms » du Christ figure chez un bon nombre d'auteurs l'appellation « Christ médecin ». Brève mention, allusion cursive, invocation étendue, explication spirituelle, illustration théologique, on la retrouve en des contextes divers, dans l'apologétique, dans la prédication pastorale des évêques, dans les exhortations monastiques, parfois aussi sous forme de prière privée ou liturgique. Le point de départ est évidemment la contemplation de l'Évangile qui montre souvent Jésus guérissant des malades de toute espèce, aveugles, sourds-muets, paralytiques, 892 hémorrhoïsse, possédés, etc ; des malades qui sont guéris et sauvés, libérés de leur infirmité et de leur péché. L'affirmation de Jésus assimilant les justes aux bien-portants et les pécheurs aux malades, qui, eux, ont besoin de médecin (Mt. 9,12 ; Marc 2, 17 ; Luc 5, 31), a retenu l'attention des Pères plus que le dicton cité par Jésus à ses concitoyens incrédules de Nazareth (Luc 4, 23). A. Harnack avait déjà montré où...

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