— 1. La littérature des Miroirs au moyen âge. — 2. La symbolique du miroir chez les Pères et les auteurs médiévaux. Les usages multiples du miroir se prêtent à une symbolique diversifiée. Le miroir renvoie sa propre image à l'homme qui s'y regarde ; il sert à vérifier la propreté du visage, l'ordonnance de la coiffure et de la toilette ; le miroir évoque ainsi la connaissance de soi, avec l'idée d'une purification, d'une assimilation à un 1291 idéal moral. Mais le miroir n'offre qu'une représentation, qui peut donner l'illusion de la réalité, et il est parfois déformé : d'où l'idée du miroir trompeur, source d'illusion (thème de Narcisse, cf Ovide, Métamorphoses III, 339-510). D'autre part, le latin speculum désigne au sens dérivé toute peinture ou représentation ; il signifie alors tableau, portrait, voire description. Le « miroir » devient ainsi moyen de connaissance et apporte un enseignement soit purement informatif, soit normatif. Ce sens dérivé a donné lieu, durant le moyen âge et au-delà, à une abondante série de Specula. Nous étudierons d'abord ce genre littéraire, pour aborder ensuite la symbolique du miroir chez les Pères et chez les auteurs médiévaux, selon les aspects qui intéressent la spiritualité. Il manque encore un ouvrage systématique sur le sujet. L'étude récente de Herbert Grabes (Speculum, Mirror und Looking-Glass. Kontinuität und Originalität der Spiegelmetapher in den Buchtiteln des Mittelalters und der englischen Literatur des 13. bis 17. Jahrhunderts, Tübingen, 1973 ; cité : Grabes) offre cependant une bonne vue d'ensemble (en appendice, répertoire des Miroirs en latin et en diverses langues, p. 246-351). Sur l'usage du thème dans l'antiquité et l'Écriture, une abondante documentation a été rassemblée par N. Hugedé, La métaphore du miroir dans les Épîtres de saint Paul aux Corinthiens, Neuchâtel-Paris, 1957 ; il suffit d'en donner ici les points essentiels. Chez les philosophes, la métaphore du miroir est liée au problème de la connaissance de soi et, par extension, de...

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