— Depuis saint Augustin, la doctrine catholique a toujours consacré une place à la personne et au rôle des princes. D'où un ensemble d'ouvrages, qui constituent un genre propre et bien individualisé, destinés à fournir aux princes les règles précises concernant leur fonction. Ces ouvrages commencent à prendre leur véritable forme au temps de la renaissance carolingienne. Il ne s'agit pas de florilèges ou de miroirs élémentaires (cf les remarques de Ph. Delhaye, DS, t. 5, col. 461), mais on y trouve déjà les éléments d'un traité du prince. Le contenu va se préciser au 13e siècle, puis prendre de nouveaux développements avec le concile de Trente pour atteindre un sommet dans la seconde moitié du 17e et au 18e siècle. Ces traités ont rarement fait l'objet d'une étude particulière. Leur but n'est pas d'énoncer des théories politiques, mais bien de décrire la manière chrétienne d'envisager la relation du prince avec la fonction qu'il exerce. Nous présenterons donc ici une première synthèse de cette spiritualité du prince chrétien. — 1. Des Pères de l'Église à la Renaissance. — 2. Époque moderne.

1. Des Pères de l'Église à la Renaissance.

— 1° D'Augustin à la Renaissance carolingienne. — Dès le début du 5e siècle, Augustin trace le portrait du prince chrétien et résume ses devoirs sous deux chefs : officium imperandi, officium consulendi (Cité de Dieu V, 24 ; XIX, 14). Grégoire le Grand reprend ici ou là les idées d'Augustin et insiste sur le devoir de justice (Epist. X, 51, PL 77, 1106c-1109a). Isidore de Séville † 636 s'inspire d'Augustin et de Grégoire (Sententiae III, 48-51, PL 83, 718a-724a). Voir aussi Tajon de Séville † 683, Sententiae V, 9-10, PL 80, 962-963. Même s'il n'existe pas à l'époque de traité séparé sur le sujet, la notion de prince chrétien se développe chez les théologiens. Le sacre royal (le premier est celui du roi wisigoth Wanba en 672) est une expression de cette...

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