Auteur : Paul VALADIER.
 
Tome 10 - Colonne 1697
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Titre de l'article : MORALE ET VIE SPIRITUELLE.
Début de l'article :
— Tout homme, au coeur de sa vie, est confronté à des choix. Certes la vie quotidienne est tissée de menues décisions prises par routine, ou par nécessité, sans portée apparente ni par rapport à son propre avenir, ni par rapport à autrui. Posés sans même que l'on y prête attention, de tels actes finissent pourtant par dessiner la trajectoire d'une existence, enfonçant tel individu dans la banalité et dans la médiocrité d'une vie devenue mécanique, ou conduisant tel autre à assumer sa vie de 1698 manière telle qu'il lui confère une marque et un sceau personnels. En d'autres cas pourtant, sans doute rares, l'individu se trouve devant des choix pour lesquels l'habitude, la routine, la conformité au milieu ou à la tradition, la paresse d'esprit ne suffisent plus : il faut faire une option, et dans cette option la portée vraiment totale de l'acte apparaît de manière inéluctable. Il faut choisir de trahir un conjoint ou de lui être fidèle ; il faut choisir une profession lucrative et honorifique, ou un engagement plus obscur, moins rémunéré mais plus conforme à des convictions politiques, morales ou religieuses. Même si le choix proprement moral n'est pas exclu des premiers cas évoqués, c'est surtout dans les options majeures que l'individu rencontre le problème moral proprement dit. Mais la portée totale du choix indique aussi que la décision morale engage plus que la morale elle-même : déjà simplement pour être alerté sur les implications et sur les retentissements d'une éventuelle décision, il faut que l'individu soit spirituellement animé d'une vigilance telle qu'il pressente les enjeux spirituels de ses choix éthiques. Ou, plus concrètement encore, à ne considérer sa vie quotidienne que comme une suite programmée d'actes identiques à eux-mêmes (surtout si l'on y est contraint par les rigueurs d'une situation sociale aliénante), à renoncer à imprimer d'un sceau personnel les actes les plus simples qui tissent la trame d'une vie, — à refuser par conséquent de mener une existence proprement morale —, une médiocrité étouffante s'installe sur la totalité d'une vie, dévoilant que dans le refus éthique était en jeu un renoncement proprement spirituel. Pris selon sa plus grande amplitude, le problème du rapport entre morale et...

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