— La ritualisation de la mort est un phénomène universel. Dans toutes les cultures, même les plus primitives, des cérémonies diverses entourent l'agonie, le dernier soupir, les funérailles et le deuil. Expression naturelle des sentiments complexes et parfois contradictoires qu'éprouvent ceux qui restent à l'égard de ceux qui s'en vont, ces cérémonies ont aussi partout un but très précis : aider l'esprit du défunt à entrer dans son nouveau domaine où on veut lui assurer le repos et la paix. C'est donc dans une longue tradition humaine que s'insère, de façon originale, le christianisme. 1. Antiquité chrétienne. — 2. Anciens rituels. — 3. Au moyen âge. — 4. L'au-delà dans la prière pour les morts.

1. L'antiquité chrétienne.

— Les chrétiens ont continué sur bien des points à pratiquer les usages funéraires de leur milieu gréco-romain d'origine : toilette du défunt, exposition sur un lit d'apparat, cortège aux flambeaux, sépulture ou depositio dans les vingt-quatre 1770 heures qui suivent le décès. Mais ils en ont rejeté d'autres. La psalmodie a remplacé les lamentations rituelles des pleureuses, et à la crémation s'est substituée l'inhumation. Les banquets funéraires, qui se célèbrent auprès de la tombe à des jours déterminés en rapport avec la sépulture, et auxquels le défunt est censé prendre part, étaient une coutume répandue dans le monde méditerranéen que les chrétiens adopteront pareillement, non sans en avoir toutefois modifié certaines données : le choix des jours se trouve désormais fixé au 3e, au 7e (ou au 9e), au 30e (ou au 40e), et l'anniversaire du défunt (son dies natalis) est, contrairement à l'usage païen, non le jour de sa naissance, mais celui de sa mort. Ces repas, qui servent souvent de motifs aux peintures des catacombes, ont perdu en outre leur caractère primitif d'offrande alimentaire au défunt pour revêtir le sens eschatologique d'une préfiguration du banquet dans le Royaume de Dieu en sorte que le nom de refrigerium (rafraîchissement)...

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