— Né à Roubaix le 30 octobre 1905, après ses années d'études au séminaire Saint-Sulpice et à la Sorbonne, il est ordonné prêtre en 1930 et nommé professeur à l'École Albert de Mun, à Nogent-sur-Marne. De 1943 à 1945 il enseigne aux Instituts catholiques de Lille et de Paris. En 1945 il est nommé maître de conférences à la Faculté de théologie catholique de Strasbourg. En 1946 il y succède à Jean Rivière dans la chaire de théologie fondamentale et en 1956 à Michel Andrieu dans la charge de doyen. En 1975 il fait valoir ses droits à la retraite et meurt à Strasbourg le 27 novembre 1976. Si on ne peut dire que Nédoncelle soit un auteur spirituel, on ne peut nier que sa philosophie religieuse ne soit source de spiritualité. Parti d'un solipsisme farouche qui crée l'autre gratuitement, Nédoncelle en vint à l'affirmation native d'une réciprocité des consciences qu'il hésita d'abord à adosser à une métaphysique de l'être. Une progression décisive se fit jour dans Intersubjectivité et Ontologie où sa pensée semble atteindre sa maturité définitive : les personnes sont des étants qui communiquent entre eux par l'être du monde ; mais ils ne peuvent communier entre eux que dans l'Étant divin qui les fonde dans leur relation de réciprocité. L'intuition maîtresse de la réciprocité commande quelques thèmes majeurs de la vie spirituelle : la réciprocité, l'amour, la souffrance, la prière. La réciprocité des personnes est une donnée constitutive de la personne. Dans le heurt de la rencontre, le « nous » est plus souvent découvert réflexivement que vécu intuitivement. Paradoxalement, le « nous » est une identité hétérogène. Au sein de cette unité, chacun ne reçoit l'influence de l'autre que pour rester bien autre. Il y a un va-et-vient dialectique entre l'identité du « nous » et l'hétérogénéité du Je et du Toi. L'amour est avant tout une volonté de promotion mutuelle. Aucun amant ne peut ne pas se vouloir voulu par l'aimé lui-même, sinon il limiterait le don de l'aimé. Cette promotion mutuelle ne peut se réaliser qu'à travers une oeuvre qui en est moins le but ultime que l'expression périlleuse toujours inadéquate. Aucun amour n'est...

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