— Transcription en caractères latins d'un terme de la langue grecque, ce mot est caractéristique du vocabulaire de la tradition spirituelle de l'Orient chrétien, dont il exprime un concept clef.

1. SENS DU MOT.

— Le verbe neutre νήϕειν est courant dans le grec classique. Au sens propre, il signifie « être sobre », par opposition à μεθύειν, « être ivre ». Au sens figuré, qui n'est pas rare, il indique l'état d'un esprit maître de lui-même, sage, prudent et vigilant, libre de toute forme d'ivresse mentale et spirituelle due à la passion, la précipitation, la confusion, l'absence de sens critique, etc. « Sois vigilant (νᾶϕε) et souviens-toi d'être défiant ; ce sont là les nerfs de la prudence », dit le présocratique Épicharme († 486 av. J.-C.), dont le conseil sera souvent cité par les Anciens (H. Diels, Fragmente der Vorsokratiker, t. 1, 7e éd., Berlin, 1954, p. 201, n. 3). Du verbe dérive le substantif, d'ailleurs tardif, de νῇψις, qui peut avoir, lui aussi, un sens propre et figuré. Comment le rendre ? par « sobriété », « tempérance », « lucidité », « vigilance » ? C'est un peu tout cela à la fois que le mot veut dire. Pour éviter de trahir la réalité complexe qu'il désigne, on se contente généralement dans les études de spiritualité orientale de le transcrire sans le traduire, comme nous avons choisi de faire ici.

2. PRÉHISTOIRE DU CONCEPT.

— L'usage de « nepsis » avec une signification spirituelle déterminée est déjà attesté dans le judaïsme alexandrin et la gnose hermétique. Chez Philon, l'ivresse est le symbole de l'enténèbrement de l'esprit et de l'ignorance (De ebrietate 4 et 160 ; De sobrietate 5). A l'état d'ivresse mentale s'oppose la sobriété de l'esprit (De sobrietate 30 : ὄταν ὁ νοῦς νῇψη = « lorsque l'esprit est sobre »). Être sobre dans sa vie (νήϕάλια βιοῦν), d'une sobriété non seulement physique mais mentale, est la condition pour s'adonner à la contemplation, comme le montrent les Thérapeutes (De vita contemplativa 74). L'acte suprême de connaissance, qui...

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