— 1. Vie. — 2. Œuvres. — 3. Le pasteur. — 4. Christologie. — 5. Le prophète de l'oecuménisme. — 6. Spiritualité.

1. La vie

de Nersès Šnorhali (le Gracieux ; l'adjectif indique douceur et amabilité, mais aussi abondance et équilibre des dons de nature et de grâce) se situe en cette période critique de l'histoire arménienne qui suit la destruction du royaume des Bagratides d'Ani par l'empire byzantin (1045). Les Arméniens sont dispersés en Asie mineure et sur les côtes septentrionales de la Mer Noire jusqu'en Transylvanie. Une partie, installée en Cilicie où se trouvait déjà une colonie arménienne, 135 cherche à conquérir son autonomie sur les territoires reçus en fief de l'empereur en échange de possessions patrimoniales cédées à l'empire. Né en 1102 (cf. Yovsep'eanc', cité infra, 418), dans la forteresse Covk', près du lac de même nom (aujourd'hui Gölcük), dans la 4e Arménie, au sud-est de l'actuel Elâziğ (cf. Ananian, dans Bazmavep = Baz, 1973), Nersès descendait du jeune rameau des Pahlawuni (Nor Pahlawunik') ; ceux-ci se considéraient comme les héritiers des anciens Pahlawuni, famille de Grégoire l'Illuminateur (cf. DS, t. 1, col. 867), à travers la lignée des Kamsarakan. Son père Apirat était fils d'Apljahap et de la fille aînée de Grigor Magistros † 1058, général et écrivain célèbre dont l'un des fils, Vahram, devint catholicos sous le nom de Grigor II Vkayasēr (le martyrophile, 1056-1105). La famille aurait donné deux autres catholicoi avant Nersès : Barseł I (1105-1113), fils de Vasak, oncle de Nersès, et Grigoris III (né en 1096 ; 1113-1166), frère aîné de Nersès. Nersès semble avoir reçu sa première éducation dans la maison familiale où il resta jusqu'à la mort de son père (vers 1111). Il rejoint alors son frère Grigoris au Karmir Vank' (Monastère Rouge) de K'esun, dans les domaines du prince arménien Goł Vasil. Les deux frères jouissent de la protection du catholicos Barseł II, qui semble y avoir installé son siège depuis 1106. L'higoumène était alors le Vardapet...

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