— Né à Coutances, le 22 novembre 1693, Charles Frey de Neuville entra dans la Compagnie de Jésus le 12 septembre 1710. Après six ans de régence, il étudia la théologie à Paris et fut ordonné prêtre en 1723. Il enseignait la philosophie à Orléans quand ses talents oratoires le firent remarquer. Il fut dès lors appliqué à la prédication à Compiègne, à Alençon, enfin à Paris (1736), tantôt à la maison professe, tantôt au noviciat. Désigné en 1737 pour prêcher l'Avent à la cour, il y fut apprécié à maintes reprises pendant vingt ans, soutenant les défenseurs de la bulle Unigenitus et invitant franchement Louis XV à la conversion. Il prêcha 161 également dans les principales chaires de la capitale. Quand fut fermée la maison professe en 1762, il finit par se retirer à Saint-Germain-en-Laye, protégé par le Dauphin. Exilé en Lorraine en 1764 comme ceux qui refusaient de renier leur appartenance à la Compagnie, il rentra en France lorsqu'un édit royal le permit l'année suivante et séjourna à Vernon, puis à Vitré, avant d'être à nouveau accueilli à Saint-Germain-en-Laye en 1769. C'est là qu'il revit ses sermons, assisté par Yves-Mathurin de Querbeuf, et qu'il mourut le 13 juillet 1774. En bonne place parmi les prédicateurs du second rang, à l'école de Bourdaloue, il connut une vogue supérieure à sa valeur réelle. Mais sa connaissance du coeur humain et sa pratique du confessionnal enrichissaient sa prédication et lui inspiraient des portraits qui piquaient l'attention. Son souci réel d'instruire et de porter à Dieu font qu'on lui pardonne sa grandiloquence, de mode à cette époque. Les pères Y.-M. de Querbeuf et Mat tirèrent de ses papiers 8 volumes de Sermons publiés à Paris en 1776 (rééd. 1777, 1826 ; trad. en allemand, espagnol, italien, néerlandais, polonais). On y trouve une Retraite spirituelle où son éditeur ou lui-même ont introduit des passages tirés de Cl. Judde. Le t. 57 des Orateurs sacrés de Migne contient les sermons de Ch. de Neuville, mais en tête de sa notice il faut lire Pierre Charles Frey de Neuville, et non Anne-Joseph-Claude. Une brochure apologétique Observations sur l'Institut de la Société des Jésuites, Avignon, 1761, attribuée à son frère Pierre-Claude Frey, a pour...

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