Auteur : Hugues DIDIER.
 
Tome 11 - Colonne 328
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Titre de l'article : NIEREMBERG (JEAN-EUSÈBE), jésuite, 1595-1658.
Début de l'article :
— 1. Vie. — 2. Œuvres. — 3. Pensée.
1. Vie.
— Né à Madrid le 9 septembre 1595, Juan Eusebio Nieremberg était fils de Gottfried Nieremberg (originellement, « Niernberger ») et de Regina Ottin, l'un et l'autre domestiques princiers. Ses parents ne se fixèrent en Espagne qu'au moment où celle qu'ils servaient, Marie de Habsbourg, fille de Charles Quint, soeur de Philippe II et femme de l'Empereur romain-germanique Maximilien II, devint veuve en 1576 et se retira à Madrid. Juan Eusebio fut en pratique fils unique, puisque né après le décès tragique de sa soeur Maria. Son enfance se déroula dans l'atmosphère à la fois impersonnelle, instable et confinée, passablement morbide, du « couvent-palais » de l'impératrice Marie ; son père, et bien davantage encore sa mère, semblent avoir été de grands anxieux, à la limite du pathologique. De là provient sans doute en partie ce fond d'inquiétude profonde, quoique partiellement dominée, qui transparaît si souvent dans ses écrits. Durant sa féconde existence, Nieremberg conjugua sa prodigieuse vitalité et une sorte d'attirance amoureuse vers la mort et la douleur, ce qui non seulement apparente son caractère à celui de bien des membres de l'illustre famille que ses parents servirent, mais encore fait de lui une figure éminente de l'« âge baroque » européen. Comme les Habsbourg qu'il admirait tant, Nieremberg conjugue en son âme une certaine tradition germanique avec l'Espagne. Né dans la Péninsule, y ayant grandi et vécu toute sa vie, il oublia vite les rudiments d'allemand appris de ses parents. Son assimilation culturelle et linguistique fut si totale que c'est surtout pour son style et ses talents d'écrivain que les espagnols l'ont honoré et le connaissent encore ; Menéndez Pelayo voyait en lui « un des cinq ou six meilleurs auteurs de prose du 17e siècle » ; son nom figure parmi les « autorités de la langue » établies par l'Académie royale espagnole. Cependant, cet homme n'oublia jamais la terre de ses parents ; certaines de ses oeuvres (Causa y remedio de los males públicos, Devoción y patrocinio de San Miguel et enfin Corona virtuosa y virtud coronada) manifestent non...

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