Auteur : Élisabeth BEHR-SIGEL.
 
Tome 11 - Colonne 356
Acheter l'article complet
5 €
Titre de l'article : NIL SORSKIJ (SAINT), moine russe, 1433-1508.
Début de l'article :
— 1. Vie. — 2. Œuvre littéraire. — 3. Doctrine spirituelle. — 4. Rayonnement.
1. Vie.
— Toutes les biographies anciennes de Nil Sorskij ont disparu, détruites par accident ou, plus 357 probablement, livrées au feu par ses adversaires. On est donc mal renseigné sur son existence ; les grandes lignes en sont pourtant connues. Elles s'inscrivent dans un contexte politique, ecclésiastique et culturel qu'il est utile d'évoquer.
1° CONTEXTE HISTORIQUE.
— Né à Moscou en 1433, Nil Maikov, sans doute d'origine noble, a vécu dans une société en pleine mutation, à une époque où se décide l'avenir de la Russie et de l'Église orthodoxe russe. Il a 20 ans en 1453, quand Constantinople est prise par les Turcs : événement considérable qui frappe les imaginations surtout dans les milieux ecclésiastiques russes. Une historiographie pieuse et sommaire ne manque pas d'interpréter l'événement comme un jugement de Dieu sur la Seconde Rome qui a trahi l'Orthodoxie au concile de Florence. Dans un climat à la fois d'inquiétude et d'espérance où, à un messianisme russe naissant, se mêlent aussi des calculs politiques plus réalistes, surgit le mythe de « Moscou, Troisième Rome ». Le géant russe sort de son sommeil séculaire pour poursuivre, éveillé, le rêve encore confus d'une mission universelle. Mission de l'État moscovite ou mission de l'Église orthodoxe ? En fait, la distinction n'est pas claire dans la plupart des esprits et tout un courant portera à les confondre. Les circonstances paraissent favorables à l'éclosion d'un grand dessein politique. Le retrait de la Horde d'Or (1480) marque le déclin de la domination mongole. Sous le sceptre de ses princes « rassembleurs de la terre russe », la Moscovie s'organise en état moderne centralisé, absorbant les nombreuses principautés plus ou moins indépendantes à l'époque tatare. Y voyant la condition d'une résistance efficace à l'envahisseur, l'Église russe, en la personne de Serge de Radonèje, favorise cette évolution. Mais un siècle plus tard, aveuglée par un rêve de théocratie anachronique (cf. J. Meyendorff, Une controverse…, p. 44-46),...

[...]



Cet extrait est constitué d'environ 1 page et l'article complet contient 21 pages.