— Faute de pouvoir cerner dans un article les applications diverses du terme grec νοῦς et du latin mens, son équivalent principal, 460 dans la littérature spirituelle, nous chercherons d'abord à rappeler et ordonner ce qui a été dit dans des articles antérieurs, ensuite à fournir quelques compléments sur des points récemment mis en lumière, particulièrement à propos du vocabulaire mystique. 1. Noûs et mens dans la structure de l'âme. — 2. Nous et mens comme lieu de l'image de Dieu dans l'homme. — 3. Noûs et mens dans la littérature mystique.

1. Noûs et mens dans la structure de l'âme.

1° ANTHROPOLOGIE TRIPARTITE OU BIPARTITE.

— Comme l'a montré H. de Lubac (Mistica e mistero cristiano, dans Opera omnia, t. 6, Milan, 1979, ch. 2 Antropologia tripartita, p. 59-117 ; cette trad. italienne rassemble des études inédites en français ou dont les fragments ont été dispersés en divers écrits), saint Paul privilégie la trichotomie biblique sôma-psuchè-pneûma (corps-âme-esprit, 1 Thess. 5, 23 ; cf. 1 Cor. 2, 6 à 3, 3) ; il distingue ou associe parfois pneûma et noûs (1 Cor. 14, 14-16 ; Éph. 4, 23). D'autres auteurs chrétiens suivent plutôt la dichotomie aristotélicienne sôma-psuchè. Mais ces deux manières de distinguer les niveaux de l'homme interfèrent souvent l'une sur l'autre. La dichotomie se développe pratiquement en trichotomie du fait qu'Aristote surajoute en quelque façon le noûs à la psuchè : le noûs en effet est par rapport à l'âme « séparé, impassible et sans mélange, immortel et éternel » (De anima III, 5, 430a 18-23) ; il vient à l'âme « du dehors et il est seul divin » (De generatione animalium II, 3, 736b 28-29). La structure corps-âme-noûs tend ainsi à recouvrir la trichotomie corps-âme-esprit, avec cette nuance toutefois que le terme pneûma connote toujours une relation avec...

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