— I. Écriture. — II. Problématique contemporaine.

I. ÉCRITURE

L'objet de cette étude scripturaire n'est pas de montrer la place que tient le pardon dans la foi et dans la vie chrétienne — sujet immense —, mais seulement d'essayer de préciser ce qu'est l'expérience du pardon, reçu et donné.

1. ANCIEN TESTAMENT.

— Un trait caractéristique est le lien étroit entre le pardon de Dieu et le pardon de l'homme. Ce trait prend plusieurs formes. 1) Les anthropomorphismes. — De même que Dieu « se repent et s'afflige dans son coeur » parce qu'il a fait sur la terre l'homme et sa méchanceté (Gen. 6, 5-6), de même, après la catastrophe qui a englouti presque toute l'humanité, Dieu « se dit en lui-même : Je ne maudirai plus jamais la terre à cause de l'homme » (Gen. 8, 21). Ce qui éclate ici, c'est la passion du Créateur pour son oeuvre, son indignation à la voir profanée, sa volonté de la sauver. Avant même d'être pitié, le pardon de Dieu est volonté de faire vivre. Après l'épisode du veau d'or, lorsque Moïse supplie Dieu de pardonner à son peuple, fût-ce au prix de sa propre vie (Ex. 32, 32), Dieu répond en apparaissant lui-même et en définissant ce qu'il est : « Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité, qui garde sa grâce à des milliers, tolère faute, transgression et péché, mais ne laisse rien impuni » (Ex. 34, 6-7). Dieu est capable de colère, mais la colère ne dit pas ce qu'il est. Il n'y a pas de proportion entre les trois ou quatre générations qui la subissent, et les milliers sur lesquelles s'étend sa grâce. Saint Paul verra lui aussi « se révéler » sur le monde « la colère de Dieu » (Rom. 1, 18) et l'expliquera : c'est le poids du péché, sa capacité de destruction et de mort à l'oeuvre dans la création, mais il n'y a pas de proportion entre la puissance de mort du péché, et la force de vie et de salut qui nous vient de Jésus Christ (Rom. 5, 15-21). 209 2) Les intercessions. — La grande prière d'Abraham pour Sodome...

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