— REMARQUES PRÉLIMINAIRES. — 1° Le Pater est la prière enseignée par le Christ lui-même à ses disciples, d'où les appellations « Prière du Seigneur », « Oraison dominicale ». Les évangiles en donnent deux versions différentes dans des contextes également différents : celle de Matthieu (6, 9-13), dans la section sur la prière du Sermon sur la montagne, où l'on distingue habituellement sept demandes ; celle de Luc (11, 2-4), après une prière matinale de Jésus et en réponse à une demande des disciples : outre des variantes importantes, elle se réduit à cinq demandes (omettant « que ta volonté soit faite » et « délivre-nous du mal »). Sur les questions exégétiques posées par ces deux versions, voir J. De Fraine, art. Oraison dominicale, DBS, t. 6, 1960, col. 788-800 ; J. Carmignac, Recherches sur le Notre Père, Paris, 1969, p. 18-28 et passim (ouvrage fondamental, même si l'on n'en retient pas toutes les conclusions, et auquel notre exposé doit beaucoup). Il faut noter cependant trois additions qui ne figurent pas dans le texte (sauf les deux premières dans quelques mss) mais jouent un rôle notable dans la tradition : 1) la doxologie, mentionnée dès la fin du 1er siècle dans la Didachè ; Carmignac, p. 320-333 ; — 2) dans la version lucanienne, le remplacement de la formule « que ton règne vienne » par « que vienne (sur nous) ton Esprit saint et qu'il nous purifie » ; Grégoire de Nysse en est le premier témoin (Hom. 3, PG 44, 1157c-1160a) ; Carmignac, p. 89-91 ; — 3) chez quelques auteurs latins, un complément à l'avant-dernière demande : « in tentationem quam ferre (suffere) non possimus » (Hilaire, In Ps. 118, PL 9, 510 ; Ambroise, De sacramentis 5, 4 ; Chromace d'Aquilée, Tract. 28, CCL 9 A, p. 334 ; Jérôme, In Ezech. XIV, 48, 16, CCL 75, p. 735) ; Carmignac, p. 239-240. La formule matthéenne s'est imposée ; c'est déjà celle de la Didachè, avec quelques variantes (8, 2-3, SC 248, 1978, p. 172-174 ; cf. introd. p. 91-99 : rédaction vers 91-96, probablement en...

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