— En consacrant le second chapitre de la Constitution sur l'Église au Peuple de Dieu, le concile Vatican II entend répondre à une aspiration de notre temps, mais aussi retrouver les racines historiques de l'Église. A la suite des art. Corps mystique et spiritualité (t. 2, col. 2378-2403), Église (t. 4, col. 370-479), celui-ci cherche à rendre compte de l'émergence de la notion de Peuple de Dieu dans l'ecclésiologie contemporaine et des perspectives spirituelles qu'elle ouvre à la vie de l'Église. — 1. Préparations au 19e siècle. — 2. Première partie du 20e s. — 3. Textes de Vatican II.

1. Préparations au 19e siècle.

— Face à l'individualisme hérité du 18e siècle, la théologie allemande du 1231 début du 19e redécouvre la dimension communautaire de l'Église. Pour J.M. Sailer, à Landshut, l'Église est « l'Unité, la Communauté de tous ses membres avec le Père par le Christ dans l'Esprit d'Amour » (cité par P. Chaillet, RSPT, t. 26, 1937, p. 487). A Tübingen, J.A. Möhler (DS, t. 10, col. 1446-48 ; Y. Congar, dans Catholicisme, t. 9, col. 460-62) renouvelle l'idée de l'Église par une connaissance approfondie des Pères. Dans son ouvrage de jeunesse Die Einheit in der Kirche (1825), il reprend au romantisme allemand le principe de l'organisme vivant et l'idée de l'Esprit du peuple (Volksgeist) pour insister sur le caractère social de l'existence chrétienne. Le Saint-Esprit est l'élément intérieur de l'Église, à partir duquel s'organise tout ce qui est extérieur. Dans l'introduction à son cours d'Histoire de l'Église (1825-26), il affirme : « Tous les fidèles forment dans le Christ une grande vie communautaire, voilà, me semble-t-il, la seule véritable Idée de l'Église et de l'Histoire de l'Église » (cité dans L'Église est une, Paris, 1939, p. 53 ; cf. L'Unité dans...

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