— 1. Vie. — 2. Œuvres.

1. VIE.

— Philippe de Mézières est né, probablement en 1327, dans une famille de petite noblesse de l'Amiénois. Après des études à l'école capitulaire d'Amiens, ce cadet de famille débute une vie aventureuse : 1310 vers 1345, il apprend en Italie le métier des armes. Il rejoint ensuite en Orient l'expédition du dauphin Humbert II et il est armé chevalier après la bataille de Smyrne (1346). Dès ce moment, il noue des liens avec les Lusignan de Chypre : le roi Hugues IV et surtout son fils Pierre, comte de Tripoli, qui rêve de la Croisade. En 1347, Philippe fait un pèlerinage en Terre sainte qui le bouleverse : il ressent douloureusement la honte que constitue pour la foi catholique et pour la Chrétienté la profanation par les Infidèles des Lieux saints de la Passion. D'ores et déjà enflammé pour la Croisade, il est persuadé que c'est Dieu qui lui inspire au Saint-Sépulcre le projet de créer un nouvel ordre militaire, la Chevalerie de la Passion de Jésus-Christ, qui recouvrerait Jérusalem pour les Chrétiens. Réaliser ce passage outre-mer va être la grande entreprise de sa longue vie. De retour à Chypre, au service de Hugues IV, il obtient pour son projet l'appui de Pierre de Tripoli qui, au plus tard en 1349, l'envoie en Occident chercher, mais en vain, d'autres soutiens. On perd alors sa trace. Est-ce ici, ou avant 1345, qu'il faut situer ses études à l'université de Paris ? On le retrouve en tout cas en 1354-57 engagé dans le conflit franco-anglais ; puis il disparaît à nouveau. On ne sait si au long de cette période il a tenté d'agir en vue de la Croisade. Or Pierre de Tripoli en 1358-60 devient roi de Chypre et de Jérusalem et Philippe, en 1360 ou 1361, chancelier de Chypre, titre qu'il gardera jusqu'à sa mort. Alors commence l'épopée de ces trois partisans ardents de la Croisade que furent Pierre I, Philippe de Mézières et le carme Pierre Thomas, légat pontifical pour le passage en 1364. Pour recouvrer son « héritage » de Jérusalem, Pierre I recherche des appuis en parcourant l'Europe (1362-65). Son chancelier l'accompagne ou se multiplie de son côté pour rendre possible la Croisade tant désirée : Pierre Thomas et Philippe parviennent notamment à rétablir la paix...

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