— Originaire d'une riche famille de drapiers d'Aigueperse, licencié en lois, Pierre de Nesson fut protégé par le duc Jean de Berry † 1416, puis par sa fille Marie, épouse de Jean Ier de Bourbon. Il exerça les charges de bailli d'Aigueperse et d'élu des aides au diocèse de Clermont. On lui doit une oeuvre politique, le Lai de guerre, éloquent plaidoyer en faveur de la paix (début 1429), et deux oeuvres religieuses : l'Oraison a Notre-Dame et les Vigiles des morts. L'Oraison, encore connue sous le titre de Testament de Pierre de Nesson, est un divertissement de juriste : après avoir fait hommage à Notre-Dame en son nom et au nom de sa femme et de ses huit enfants, le poète imagine et réfute au fur et à mesure en homme de loi les arguments que pourrait invoquer le Fils de la Vierge pour revendiquer l'exclusivité de l'hommage de « l'humain lignage ». Les arguties juridiques ne doivent pas masquer la sincérité de la dévotion mariale ; elles apparaissent, bien au contraire, comme une manière originale de la manifester. — Il reste 20 mss (cf. J. Sonet, Répertoire d'incipit de prières en ancien français, Genève, 1956, et K.V. Sinclair, Prières en ancien français, Hemden, 1978, n. 1085) et 5 éd. des 15e et 16e s. décrites par Piaget et Droz, p. 26-30. Plus importantes, Les Vigiles des morts ou Les 9 leçons de Job, écrites en sizains d'octosyllabes, se présentent comme une paraphrase commentée des neuf leçons tirées du livre de Job et qui font partie de 1629 l'Office des défunts. Les 3e (« Manus tuae fecerunt me »), 5e (« Homo natus de muliere ») et 9e (« Quare de vulva eduxisti me ») constituent peut-être l'expression la plus âpre, la plus sombre et la plus lyrique dans la puissance d'évocation, du thème du contemptus carnis : hideur du corps, « sac a fiens », horreur de la conception et de la mort charnelle. Toutefois, ces visions macabres ne trouvent pas leur fin en elles-mêmes : la 3e leçon s'achève en une exaltation de la grandeur de l'âme, qui aspire à la...

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