— Pierre de Roye, chanoine à Noyon, entra à Clairvaux, probablement vers 1145 : la vie de clerc à Noyon ne correspondait pas à ses aspirations d'une vie plus parfaite. On possède de lui une lettre autobiographique, qu'il écrivit, étant encore novice, à son ancien supérieur C., prévôt des chanoines de Noyon.
Cette lettre est remarquable pour plusieurs raisons. Dans la première partie, Pierre énumère quelques motifs de sa vocation monastique : la crainte de Dieu, sa propre faiblesse, le désir d'une vie humble pour le Christ. Dans la deuxième moitié il décrit la vie monastique de la communauté et de ses frères à Clairvaux. Il les désigne de préférence par l'expression : les pauperes Christi, ou encore pauperes beatae vitae : les pauvres qui mènent une vie heureuse. Cette pauvreté se montre surtout dans la simplicité, la paix, la régularité, la sobriété qui dominent la vie à Clairvaux.
lectio divina, la conduite au réfectoire. Avec ses compagnons de toute condition sociale et venant des quatre coins du monde, la vie communautaire à Clairvaux est régie par l'obéissance. Étant encore novice, il est instruit dans la règle et la vie de ces pauvres, dont il espère faire partie, par la profession, dans quelques jours. La lettre reste un témoignage très fidèle de la spiritualité cistercienne primitive.
La lettre fut publiée pour la première fois par Ch. De Visch, Bibliotheca Scriptorum Sacri Ordinis Cisterciensis, Cologne, 1656, p. 270-76, d'après un ms de l'abbaye de Hautmont, en Hainaut. J. Mabillon l'a reprise dans S. Bernardi Opera omnia, t. 1, Paris, 1690, col. 393-99 (ep. 441). On la retrouve dans les éditions postérieures parmi les lettres de saint Bernard, sous le numéro 492, comme dans PL 182, 706-13. Cf. aussi B. Tissier, Bibliotheca Patrum Cisterciensium, t. 3, Bonne-Fontaine, 1660, f. 270-72. — Histoire littéraire de la France, t. 12, Paris, 1869, p. 686-87. — Dictionnaire des auteurs cisterciens, Rochefort (Belgique), 1978, p. 565-66.
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