— Port-Royal, monastère féminin de l'Ordre de Cîteaux fondé au 13e siècle, acquit la célébrité au 17e siècle lorsqu'il devint le point central de l'oeuvre réformiste de Jean Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran, qui fut l'inspirateur du mouvement théologico-pastoral connu sous le nom de Jansénisme (DS, t. 8, col. 102-48). Afin de définir la spiritualité de Port-Royal, il convient de prêter attention aux aspects suivants de l'histoire du monastère, de ses membres et de ses amis : les racines monastiques de Port-Royal, sa réforme dans le cadre de la Contre-Réforme en France, et son engagement dans les controverses jansénistes qui finalement entraînèrent sa dissolution. De plus, puisque la persistance de l'influence de la spiritualité de Port-Royal est dûe pour beaucoup à l'établissement d'un mythe de Port-Royal, nous devons examiner comment cet aspect mythique de l'histoire de Port-Royal a inspiré la littérature écrite sur le sujet depuis la destruction du monastère en 1710 jusqu'à nos jours. Le présent article traitera donc d'abord de l'histoire (1), puis de l'historiographie (2), et enfin de la spiritualité et de l'influence de Port-Royal (3).

I. BRÈVE HISTOIRE DE PORT-ROYAL

1. Les moniales de Port-Royal.

— Port-Royal fut fondé en 1204 par Mathilde de Garlande, épouse de Matthieu Ier de Montmorency-Marly, sur le conseil d'Eudes de Sully, évêque de Paris. Le monastère était situé dans la vallée de Chevreuse, au sud de Versailles, à une journée de diligence de Paris. À une époque très ancienne il fut placé sous la juridiction du monastère cistercien de Vaux-de-Cernay. La partie la plus remarquable du monastère était la chapelle dessinée par Robert de Luzarches, l'architecte de la cathédrale d'Amiens, achevée en 1229. L'histoire du monastère ressemble à celle de beaucoup d'autres dans la période située entre l'épanouissement de Cîteaux et de ses rejetons aux 12e et 13e siècles, et les réformes protestante et catholique des 16e et 17e siècles. Dans ses premières années le...

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