Auteur : Michel DUPUY.
Tome 12 - Colonne 1995
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Titre de l'article : POSSESSION PAR DIEU.
Début de l'article :
— Dans la littérature spirituelle, cette expression peut avoir une résonance juridique et une résonance psychologique. La première apparaît quand Dieu est présenté comme le Seigneur, le Maître ; il n'y a pas lieu en ce cas de distinguer entre propriété et possession. La seconde, qui nous retiendra davantage, l'emporte en particulier lorsqu'on décrit l'attachement à Dieu.
1. Saint Augustin s'étonne que l'Écriture invite à dire : « Mon Dieu » ou « Notre Dieu », alors qu'à l'inverse nous lui appartenons. Pensant à la vie future, il s'exclame : « Nous serons bienheureux parce que nous posséderons Dieu… Nous le posséderons et il ne nous possédera pas ?… Nous le possédons et il nous possède » (Enarr. in ps.32, II, 17, 18, PL 36, 294-295 ; cf.
in ps.145, 11, PL 37, 1891). La résonance juridique est évidente : c'est elle qui fonde le paradoxe. Elle n'exclut cependant pas une autre acception dans le registre du désir. Ce texte est repris par le jésuite Jérôme Piatti † 1591 : « Si Dieu doit ainsi nous posséder pour notre félicité et béatitude, commençons dès à présent d'entrer en ce bonheur et désirons être possédés de lui » (
De bono status religiosi, Lyon, 1592, I, 3). Cf. P. de Bérulle,
Œuvres, éd. Fr. Bourgoing, Paris, 1644 : lettre 221, p. 1362 = éd. Migne, lettre 224 — éd. J. Dagens, lettre 922. 2. La résonance juridique est absente lorsque Catherine de Gênes († 1510 ; DS, t. 2, col. 290-325) évoque l'état de l'homme anéanti en qui vit le Christ : « L'âme étant en Dieu, qui a pris possession d'elle et qui agit en elle sans l'être de l'homme et sans sa connaissance, l'homme reste anéanti par l'opération divine » (
Libro de la vita mirabile et dottrina santa…, Gênes, 1551, ch. 32 ; trad. P. Debongnie, coll. Études Carmélitaines 25, Paris, 1960, p. 106). « Possession » a ici un sens psychologique et désigne une action divine se substituant à celle de l'homme au point que celui-ci est comme aliéné. On est ici dans le domaine de l'
inactiodivine (DS, t. 7, col. 1630-39) et, plus généralement, de la passivité (t. 12, col. 357-60). La suite du texte de Catherine met bien en lumière quelques harmoniques...
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