— 1. Histoire de Priscillien et du priscillianisme. — 2. Sources de la doctrine. — 3. Spiritualité et théologie ascétique.

1. Histoire de Priscillien et du priscillianisme.

— Priscillien fut l'initiateur d'un mouvement ascétique qui se développa en Espagne et dans le sud de la Gaule ; il fut suspecté de dualisme hérétique en raison de l'intérêt qu'il portait à l'étude des apocryphes de tendance encratite. Longtemps après sa mort, sa cause fut un sujet de division dans les Églises d'Espagne. Il engageait les chrétiens, clercs et laïcs, au célibat et imposait des jeûnes les dimanches d'Avent et de Carême ; il organisait des retraites spirituelles sur les collines, à la fois pour des hommes et des femmes, convaincu que celles-ci peuvent également recevoir une inspiration prophétique. Il rejeta l'accusation de détourner ses adeptes du ministère pastoral, mais il blâmait les évêques dont le style de vie ressemblait trop à celui des séculiers. En octobre 380, douze évêques, dont Phébade 2354 d'Agen et Delphin de Bordeaux, se réunirent en concile à Saragosse ; ils se mirent d'accord sur huit canons, dont certains visaient les pratiques priscillianistes (éd. critique par F. Rodriguez, dans I Concilio Caesaraugustano MDC Anniversario, Saragosse, 1981 ; éd. antérieures dans Mansi, t. 3 ; PL 84. 315-18 ; J. Vives, Concilios visigóticos y hispano-romanos, Madrid ; 1963). Un débat eut lieu sur l'étude des apocryphes. Personne cependant, pas même Priscillien qui était encore laïc, ne fut condamné. Mais de vives discussions s'élevèrent très vite au sujet des personnes et doctrines visées (cf. Traité II, infra). Un des évêques du concile, Ithacius d'Ossonuba, depuis longtemps hostile à Priscillien, écrivit un pamphlet où il l'accusait de sorcellerie, de manichéisme, d'orgies sexuelles, sans doute aussi de graves déviations doctrinales. Deux autres évêques, probablement lusitaniens, Instantius et Salvianus, appuyèrent Priscillien et le consacrèrent évêque d'Avila (fin 380 ou début 381). Celui-ci s'aliéna malheureusement l'évêque mondain mais influent d'Émérita (Mérida), Hydatius, qui rejoignit Ithacius dans l'opposition au mouvement. Par...

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