— Le DS a déjà signalé les renoncements appelés par la vie spirituelle dans les art. Abnégation, Anéantissement, Aridité, Ascèse, Dépouillement, Déréliction, Désolation, Épreuves spirituelles, Mort (mystique), Nudité, Pauvreté (spirituelle). Le présent article ne revient pas sur ces thèmes plus ou moins connexes et, passant sous silence maint auteur important, se borne à la notion de privation ; il n'envisage celle-ci qu'au sens précis, sinon technique que le mot prend chez quelques spirituels du 17e siècle.

1. NOTION.

— Maximilien van der Sandt donne cette définition : « On parle de privation quand Dieu prive l'âme de consolations, de familiarité et de certaines faveurs particulières qu'il a coutume de communiquer à ceux qui lui sont chers » (M. Sandaeus, Pro theologia mystica clavis, Cologne, 1640, p. 305). Fr. Guilloré précise aussi : « Il ne s'agit ici que de la privation des choses bonnes de leur nature, comme des vertus, des faveurs, des visites de Dieu et de Dieu même » (Maximes spirituelles, t. 1, Nantes, 1668, livre 2, max. 4, ch. 2, n. 1, p. 250). Privation dit ainsi plus que pauvreté spirituelle : la privation concerne des biens qui sont, sinon dûs selon la nature, du moins habituellement concédés, — des biens qui ont déjà été concédés et qui sont retirés ; enfin, le mot est employé spécialement pour les biens spirituels, en particulier pour « l'expérience de Dieu », comme dit A. Civoré (Les secrets de la science des saints, Lille, 1651, p. 294) Pour reprendre une formule fort ancienne, la privation — et son bon usage — consiste à « quitter Dieu pour Dieu ». Eckhart avait déclaré que « le plus haut et le plus sublime que l'homme puisse quitter, c'est de quitter Dieu pour Dieu » (Got durch Got ; Sermon 12 « Qui audit me », Die deutschen Werke, t. 1, Stuttgart-Berlin, 1936, p. 196 ; cf Serm. 2, p. 40, et 5a, p. 81-82). La formule a été souvent reprise. A. Gagliardi évoque dans les mêmes termes un degré élevé d'abnégation (Breve compendio di perfezione cristiana, ch. 7 : 4e...

[...]