— « Apostolus et Praeceptor Hungariae », comme le dit son épitaphe, Ottokár Prohászka ne fut pas seulement un pionnier et le moteur du renouveau moderne du Catholicisme en Hongrie, un penseur et un théologien remarquable, un écrivain de talent et un magnifique orateur, un évêque apostolique et de sainte vie ; il est certainement aussi l'esprit le plus universel et donc la personnalité la plus marquante qu'ait produite le Catholicisme hongrois depuis le cardinal primat Péter Pázmány † 1637. Son rayonnement sur l'Église en Hongrie durant sa vie fut immense et dure encore aujourd'hui. Prohászka naquit le 10 octobre 1858 à Nyitra (aujourd'hui Nitra en Slovaquie) dans une famille profondément chrétienne. Son père Dominik † 1879 était originaire de Bohême et vint en Hongrie comme officier autrichien ; sa mère, Anna Filberger † 1888, était fille d'un maître boulanger de Nyitra. Devenu fonctionnaire des finances, le père changea souvent de résidence et se fixa finalement dans le Vorarlberg (Autriche) ; ce qui fait qu'Ottokár fit ses études primaires et secondaires dans cinq villes différentes. Après avoir obtenu son baccalauréat au Gymnasium des Bénédictins d'Esztergom, il fut envoyé à Rome par le cardinal primat János Simor † 1891. Prohászka passa sept ans au Collège germanique et hongrois et à l'Université grégorienne. Le néo-thomisme régnait alors en maître et la formation théologique de Prohászka en fut marquée ; il le fut aussi par le catholicisme allemand alors en lutte contre le Kulturkampf et par les stimulations qu'offrait Rome comme centre de l'Église. Docteur en philosophie (1878) et en théologie (1882), il fut ordonné prêtre en 1881. Rentré à Esztergom au cours de l'été 1882, il fut nommé par le primat Simor répétiteur de grec et de latin au séminaire presbytéral. Prohászka comprit alors à quelle tâche appliquer sa vie : la rénovation du Catholicisme hongrois par la formation des prêtres et par ses écrits. Il demeura 22 ans à Esztergom, successivement professeur de théologie morale (1884) et de dogmatique (1888) ; à partir de 1890 il fut aussi directeur spirituel. Il déploya une activité exceptionnelle. Menant une vie austère, homme de prière et contemplatif, il s'efforça d'initier le jeune clergé à une spiritualité...

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