— 1. Vie. — 2. Doctrine spirituelle.

1. Vie.

— Né à Quedlinburg en Allemagne centrale, Jean Gerhard, « troisième homme de la Réforme », comme l'a appelé Bossuet, s'est éveillé très jeune à une vie intérieure intense. Une jeunesse maladive et l'influence de Jean Arndt (1555-1621), le Thomas a Kempis protestant, auteur du célèbre guide spirituel du luthéranisme classique (Le vrai christianisme, 1606-1610), l'ont éveillé très tôt à la mystique patristique et médiévale ; ce trait, qui est spécifique du protestantisme post-réformateur aux 16e et 17e siècles, est souvent dénoncé à tort, par des historiens, comme une « recatholicisation » de l'Église de la Réforme. Dès le début, la vie intérieure de Gerhard porte la marque de la théologie expérimentale (Erfahrungstheologie) de Luther. La signification fondamentale et universelle de la justification par la foi lui est apparue plus pleinement à l'âge de quinze ans, quand un accès grave d'hydropisie l'a non seulement mené au bord du tombeau, mais a provoqué en lui ces tourments (Anfechtungen) crucifiants qui avaient été si caractéristiques chez Luther. Cette expérience jointe à ses dons innés l'a rendu encore plus ouvert aux grands courants de la vie spirituelle de son époque. A peine âgé de vingt-deux ans, il publia ses Meditationes sacrae (1606) qui ont pris rang parmi les oeuvres classiques de l'orthodoxie luthérienne. D'abord étudiant en médecine, il s'est ensuite consacré à la théologie. Chargé par le duc Jean Casimir de Cobourg des tâches administratives de surintendant à Heldburg, il est nommé en 1616 professeur de théologie à Iéna, où il réalise, parallèlement à son enseignement, une oeuvre considérable ; ses Loci theologici (1621), en particulier, forment une somme comparable à celle de saint Thomas. Jean Gerhard mourut à Iéna le 17 août 1637. 301

2. Doctrine spirituelle.

1° Aspects caractéristiques. — Jean Gerhard, l'un des plus grands théologiens scolastiques de l'orthodoxie luthérienne, a sa place ici. En effet,...

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