— Au cours du moyen âge latin, le genre de vie spécifique des moines est souvent désigné par les termes : quies, vacatio, sabbatum, et surtout otium ; à l'inverse, on rencontre fréquemment des mises en garde contre les dangers de l'otium. Visiblement le même terme est employé avec des significations très différentes, selon le contexte immédiat. Un examen plus approfondi de l'emploi de ces termes, spécialement d'otium, ne révèle pas seulement un des aspects essentiels de la conscience de soi du monachisme médiéval, mais de surcroît met en évidence son enracinement profond, au plan historique, intellectuel et culturel, dans l'Antiquité. L'usage du mot otium reflète de manière remarquable aussi bien la réception des idées antiques que leur transformation radicale par le christianisme. Puisque, entre les quatre termes signalés, otium est le plus révélateur, c'est à celui-ci que nous allons principalement nous intéresser. Dans les perspectives du DS, notre recherche se concentrera sur l'usage du terme dans l'histoire de la spiritualité. Augustin y mérite une place de premier plan. Cependant, puisque l'usage du terme ne se comprend qu'à partir de l'arrière-fond de sa signification générale, il faut commencer par quelques remarques sur la période pré-chrétienne et celle des premiers Pères. 1. L'usage du terme avant Augustin. — 2. Augustin. — 3. La patristique tardive et le haut moyen âge. — 4. Les Bénédictins et les Cisterciens. — 5. Les Chanoines réguliers et les Mendiants. — 6. La mystique rhénane et les Béghards.

1. L'USAGE DU TERME AVANT AUGUSTIN.

— Le sens originel du terme otium est objet de controverse entre les spécialistes. Si le mot provient du vocabulaire militaire, il signifiait en ce cas « suspension des hostilités » (cf. J.-M. André, L'otium dans la vie morale et intellectuelle romaine des origines à l'époque augustéenne, Paris, 1966, p. 35-36). Le sens général est défini par le Thesaurus Linguae Latinae de la manière...

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