— I. Les maîtres. — II. Synthèse.

I. LES MAÎTRES.

— 1. En Espagne. — Sosiego et quietud sont deux termes très utilisés par la mystique espagnole du recogimiento (cf. art. Recueillement II). Ils sont chargés de résonances diverses. La mystique de l'Âge d'Or vise à intégrer l'homme en lui-même : l'union de l'âme avec Dieu est cherchée au plus profond de l'être humain ; elle s'y manifeste par des expériences de paix assez typiques, que les spirituels appellent sosiego, quietud. Les Franciscains sont les premiers apôtres de cette spiritualité, qui parvient jusqu'à la Cour de Charles Quint et de Philippe II ; ils y sont relayés par les Franciscaines déchaussées de Madrid. 2843 1° Bernabé de Palma († 1532 ; DS, t. 12, col. 132-39) offre un enseignement net sur la quiétude et la montée de l'âme au-dessus d'elle-même ; il met en relation le recueillement avec la transformation intérieure et avec l'amour en tant qu'il est tendance naturelle vers Dieu comme centre de l'être humain ; il se sert de la théorie du tocar, du toucher de l'âme par Dieu. Sa conception de la quiétude est basée sur la différence qu'il y a entre le sensible et le spirituel : « Les choses corporelles, depuis le premier mobile, sont toutes en mouvement, et quand le mouvement est plus léger il est tenu pour plus parfait… Dans les choses spirituelles, c'est le contraire… Plus elles approchent de l'empirée, plus elles s'apaisent, jusqu'à en venir à la très parfaite sérénité de la présence divine… L'âme, dans la mesure où elle veut atteindre Dieu par conformité, doit asosegarse y reposarse con toda serenidad » (Via spiritus, éd. de 1541, f. 143, 153-54). La quiétude est le fruit du recueillement : « Ce saint exercice a une propriété fort avantageuse par-dessus toutes les autres : il crée dans l'esprit… un amour profond de Dieu parce que son oeuvre se faisant dans l'intérieur de l'homme, cet amour fait là ses effets…, dans les entrailles du coeur. Comme ses opérations s'effectuent en un lieu si tendre, il s'imprime...

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