— Né à Rouen, le 6 juillet 1556, Jean appartenait à une famille d'immigrés espagnols arrivés vers 1510 dans la capitale normande. En 1562, pour soustraire leur fils aux dangers de la guerre civile et religieuse, ses parents l'envoyèrent à Séville, chez son oncle. Il y restera jusqu'à l'âge de quatorze ans. Jean était attiré vers la vie religieuse franciscaine, mais, aîné d'une famille de neuf enfants, très engagée dans le commerce international, il était destiné par ses parents à fonder une famille. Pour régler des affaires d'argent, son père l'envoya en 1582 au Portugal, alors province espagnole. A cette occasion, il accompagna jusqu'à Lisbonne des Clarisses flamandes expulsées de leur patrie. Puis il poursuivit son voyage jusqu'à Séville. C'est là que fortuitement, au Carmel de cette ville fondé en 1575 par Thérèse d'Avila, il découvrit l'oeuvre de la sainte, pour laquelle il s'enthousiasma aussitôt, travaillant désormais jusqu'à sa mort pour le Carmel thérésien. Ce deuxième séjour en Espagne se prolonge. En 1585, Jean prend part à la fondation du Carmel de Lisbonne, où lui sont communiquées les premières nouvelles d'une fondation réalisée l'année précédente par les Carmes Déchaussés dans la capitale des rois du Congo, San Salvador (aujourd'hui appelée Mbanza-Congo, au nord de l'Angola). Jean s'enthousiasma pour le projet de fonder en Afrique un Carmel féminin et ce sera, pendant toute sa vie, l'idée-force qui le fera travailler, avec une persévérance qui confine à l'acharnement, à faire venir en France, en Flandres, en Franche-Comté, 2855 des filles de sainte Thérèse, parmi lesquelles il espère recruter des missionnaires pour le Congo. Entre-temps, il s'intéresse aussi aux missions des Déchaussés en Nouvelle-Espagne et les aide financièrement. Au cours de ce même voyage, il a pris contact avec les supérieurs de l'Ordre et rencontré Jean de la Croix au chapitre de Pastrana (1585). Mais il ne réussit pas à les convaincre d'étendre leur réforme hors d'Espagne. De retour en France en 1586, il n'abandonne pas son projet. Avec l'appui de la Maréchale de Joyeuse et du duc de Mayenne, il tente de fonder à Rouen un Carmel féminin (1591). Mais les Carmes sont inflexibles. C'est en vain que Jean fait en...

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