Auteur : Anthony BONNER.
 
Tome 13 - Colonne 171
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Titre de l'article : RAYMOND LULLE, philosophe et théologien catalan (1232/33-1316).
Début de l'article :
— 1. Vie. — 2. Œuvres. — 3. Doctrine et spiritualité.
1. Vie.
1° JEUNESSE.
— Raymond Lulle (Ramon Llull en catalan) est né en 1232, au plus tard aux premiers mois de 1233, dans l'île de Majorque, récemment conquise (fin 1229) par la couronne d'Aragon. C'est donc dans une ville frontière, où une féodalité catalane se mélangeait avec marchands génois et pisans, banquiers et commerçants juifs et une forte souche (30-40 %) de population musulmane en grande partie réduite à l'esclavage par la conquête, que devait se passer une enfance et jeunesse dont, malheureusement, nous savons très peu. Fils unique, Ramon semble avoir appartenu à une famille de la haute bourgeoisie de Barcelone, classe qui dans les villes catalanes faisait fonction de noblesse urbaine. Dans sa jeunesse il fut attaché à la cour royale de Jacques I d'Aragon, et surtout à celle de son fils, le futur Jacques II de Majorque, dont Lulle deviendra « sénéchal de la table ». Peu avant septembre 1257, il se maria avec Blanca Picany, dont il eut un fils Dominique, et une fille, Madeleine. Presque un demi-siècle plus tard, il dira laconiquement qu'à cette époque il avait été « un homme marié avec enfants, assez riche, lascif et mondain » (Phantasticus, ch. 1). A l'âge de trente ans (vers 1263), un soir, pendant qu'il essayait de composer un poème d'amour (sûrement une canso provençale), Ramon eut une vision du Christ crucifié ; la vision se répéta quatre nuits successives et enfin le conduisit à laisser sa vie mondaine, sa famille et ses possessions, se vêtir d'un habit « de vile étoffe ». Il prit alors trois décisions : 1) tenter de convertir les musulmans à la foi chrétienne, même au risque du martyre ; 2) écrire un livre, le meilleur du monde, contre les erreurs des infidèles » (Vita coaetanea = Vc 6) ; 3) persuader le pape et les rois d'établir des monastères pour enseigner les langues des infidèles aux futurs missionnaires. Ensuite il quitte Majorque, fait un pèlerinage à Rocamadour et à Saint-Jacques de Compostelle, puis revient à Barcelone, où Raymond de Penyafort lui conseille de ne pas faire ses études à Paris, comme il le voulait, mais dans sa Majorque...

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