— Jusqu'à une date récente, presque tous les ouvrages ou manuels de spiritualité comportaient un chapitre sur le recueillement. Il n'en est plus tout à fait de même aujourd'hui : il n'y a pas d'art, sur ce sujet dans le Nuovo Dizionario di Spiritualità, éd. St. Fiores et T. Goffi, Rome, 1979 (adaptation franç. Dictionnaire de la vie spirituelle, Paris, 1983) ; mais il y en a un dans le DES. La raison de cet effacement partiel du recueillement n'est pas seulement l'absence d'un terme biblique correspondant mais encore l'appauvrissement et la sclérose de sa pratique dans le cadre d'une ascèse volontariste (cf. par exemple O. Zimmermann, Lehrbuch der Aszetik, Fribourg/Br. 1929, p. 194-98). Pour entrer dans une compréhension authentique de l'idée du recueillement, il convient d'abord de considérer sa genèse et ses premiers développements (première section de l'article), ensuite l'époque privilégiée où elle devient un motif-clé de la spiritualité, c'est-à-dire la mystique espagnole des 16e-17e siècles (seconde section).

I GENÈSE ET PREMIERS DÉVELOPPEMENTS

C'est Platon qui, comme pour d'autres thèmes spirituels, ouvre la voie pour découvrir la genèse de l'idée du recueillement. De fait, ce sont quelques passages du 248 Phédon qui ont inspiré tout à la fois les philosophes néoplatoniciens et Grégoire de Nysse ou Augustin dans leur enseignement sur ce sujet ; mais ces mêmes passages montrent que Platon lui-même est l'héritier d'une ancienne tradition religieuse, probablement d'origine orphique, qui trouve son expression la plus nette dans le mythe de Dionysos-Zagreus. Par son histoire, et d'abord à partir de ce mythe, la notion de recueillement apparaît finalement fondée et enracinée dans l'expérience humaine de l'existence. 1. Le mythe de Dionysos-Zagreus et son importance pour les Platoniciens. — 2. Le recueillement chez Platon et les Néoplatoniciens. — 3. Dans le gnosticisme. — 4. Chez les Pères des 3e-5e siècles. —5. De...

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