— On n'a retrouvé ni le lieu ni la date de naissance d'Henri Reicher. Ses parents étaient pauvres et lui-même souligne l'extrême pauvreté de sa jeunesse dans une lettre à son ami et protecteur Antoine von Rothehan, évêque de Bamberg (1431-1459). Il avait certainement un naturel pieux, malgré les tentations que rappellent ses écrits autobiographiques. Dans son Liber parvus de revelatione Verbi, Reicher évoque : « L'an du Seigneur 1400, vers la fête de la Purification, à l'heure de Prime, je m'étais étendu à terre tenant en mains le crucifix et déplorant son amère Passion ; il me vint soudainement à l'esprit : ‘Tu as entendu la parole du Père, tu as aussi entendu la parole du Fils, comment pourrais-tu maintenant comprendre l'Esprit Saint, pour pouvoir aussi l'entendre ?'. Une voix vint immédiatement au-dedans de moi, pas devant moi, comme dans les voix précédentes, mais à l'âme de cette manière, ‘amor' en latin, une simple voix ; et tout de suite je sus : aussi souvent que tu brûleras de l'amour divin, je te donne le Saint Esprit, parce que le Saint Esprit est amour ». Ce passage suggère que Reicher est sans doute né avant 1380. Son biographe, Jacques Bilagius, chartreux de la Chartreuse d'Erfürt, déclare : « Il est sûr que, vers l'année 1429, il faisait les fonctions de vicaire de l'autel des Trois-Rois, dans l'église de Hachera (Hageracensis) au diocèse de Mayence ». En 1433, Reicher entre à la Chartreuse du Jardin des Anges à Wurtzbourg sous le prieur Oswald, il y mourut le 1er mars 1466, en odeur de sainteté selon certaines sources. Son savoir, la sainteté de sa vie, des lévitations pendant la célébration de la messe, ont impressionné ses contemporains, mais sa biographie comporte bien des éléments conventionnels. Il refusa d'être nommé procureur en invoquant son amour pour la vie solitaire dans sa cellule, comme l'indique un autre passage de son Liber parvus de revelatione Verbi. Le catalogue de ses oeuvres n'a pu être établi avec certitude, aucune n'ayant été imprimée ; la plupart des manuscrits semblent avoir été perdus. Celles qui sont accessibles montrent Reicher plus compilateur qu'auteur original, mais les extraits de ses oeuvres imprimés avec sa notice...

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