— L'un des personnages les plus énigmatiques de l'histoire religieuse de la France, Richelieu est pratiquement le maître du royaume à l'époque où, à la suite de l'Édit de Nantes, s'amorce le réveil religieux du pays. Il en est un témoin ; en est-il aussi un acteur ? Homme d'Église et homme d'État, il appartient 657 à l'histoire de la spiritualité plus par ses actions que par ses écrits. S'il est inutile de refaire une biographie connue par ailleurs, il est bon de rappeler quelques dates. Son frère aîné Alphonse-Jean s'étant fait chartreux, c'est Armand-Jean qui recueille l'évêché de Luçon promis à leur père par Henri III. On ne peut douter de la sincérité avec laquelle Armand-Jean accepte l'état ecclésiastique ; ses études font de lui un bon théologien ; ordonné évêque en 1607, il entre à Luçon en décembre 1608. Tout de suite il entreprend par un synode la réforme de son diocèse. En 1610 il fait à Fontevraud la rencontre du capucin Joseph de Paris (DS, t. 8, col. 1372-88) qui deviendra son conseiller, son secrétaire et son diplomate préféré. Voyant un danger dans les relations croissantes du jeune prélat avec la Cour, François de Sales essaie de le détourner de la politique. Peine perdue. Cardinal en 1622, Richelieu se démet de son évêché en 1623 pour se donner entièrement au service de Louis XIII dont il devient le principal ministre en 1626. C'est dans ce cadre ecclésiastique et politique que naissent les écrits attribués à Richelieu. On dit « attribués » non qu'ils ne lui doivent rien, mais parce qu'il n'en a pas été, semble-t-il, l'unique rédacteur ; il inspire, dicte, écrit parfois. Nous retenons quatre titres : L'instruction du chrestien, commencé en 1609, terminé en 1618 avec la participation de Duvergier de Hauranne et publié plusieurs fois (Poitiers, 1621 ; Paris, 1626 ; Rouen, 1629 ; etc.). Écrit pastoral, à la fois catéchisme et manuel de prédicateur, ce livre devait être lu en chaire par les curés. Il a été traduit en arabe par Juste de Beauvais (Paris, 1640) pour la mission du Levant. — En 1636, Richelieu entreprend un Traité de la perfection chrétienne dont on retrouvera après sa mort le manuscrit inachevé ; publié à Paris en 1646, suite logique du premier, cet ouvrage est assez banal (les...

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