— Dans l'ordre religieux, tandis que le mythe sert d'explication et le symbole d'expression, le rite se rapporte à l'action. Entre l'être et la pensée, entre les dieux et les mythes, entre Dieu et la Révélation, l'action fait le lien sous forme de célébrations ou de liturgie. Toute célébration comprend des gestes, attitudes, objets, paroles : cet ensemble constitue ce qu'on appelle un rituel. Notre exposé suivra quatre étapes : 1. Anthropologie et sociologie des rites. — 2. Les rites dans l'Écriture. — 3. Liturgie et théologie des rites. — 4. « Maladies » des rites.

1. Anthropologie et sociologie des rites.

1° ANTHROPOLOGIE.

— Cl. Lévi-Strauss aborde l'examen des rites dans le dernier tome de la série Mythologiques. Il se demande comment définir le rituel et conclut ainsi : « On dira qu'il consiste en paroles proférées, gestes accomplis, objets manipulés indépendamment de toute glose ou exégèse permise ou appelée par ces trois genres d'activité et qui relèvent, non pas du rituel même, mais de la mythologie implicite » (L'homme nu, p. 600). Mythe et rite ne s'opposent donc pas, mais constituent deux aspects distincts d'une même réalité : le mythe est explicité et exprimé en récits ; le rite se manifeste en actes mais reste dans l'implicite. 687 L'anthropologue se demande pourquoi les opérations rituelles diffèrent d'opérations analogues de la vie courante. Il pense trouver la solution en cherchant la réponse à trois questions : « Au cours du rite, de quelle manière distinctive parle-t-on ? Comment gesticule-t-on ? Et quels critères particuliers président au choix des objets rituels et à leur manipulation ? (ibid.). Les gestes et les objets « remplacent les paroles », en ce sens que « chacun connote de façon globale un système d'idées et de représentations ». Mais, à la différence des actions de la vie courante, leur but n'est pas un résultat pratique (ainsi, dans le lavement des pieds du jeudi saint, le but n'est pas la toilette, mais un symbole de service et d'humilité). Cependant, « le rituel parle beaucoup ». Mais on y...

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