Auteur : Paul AMARGIER.
Tome 13 - Colonne 831
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Titre de l'article : ROBERT D’UZÈS, dominicain, † 1296.
Début de l'article :
— Né sans doute en 1263, Robert d'Uzès appartient au puissant lignage des seigneurs d'Uzès, famille très mêlée à la hiérarchie d'Église : son oncle paternel et vraisemblablement parrain, Robert, occupera le siège épiscopal d'Avignon de 1267 à 1283. Robert va sur ses trente ans quand nous le saisissons de façon précise. Prêtre depuis une dizaine d'années déjà, il commence à partir d'août 1291 à tenir au jour le jour une sorte de journal intime de la crise qu'il vit intérieurement et qui va le conduire à opter pour la vie religieuse. Ces écrits nous sont conservés dans deux opuscules intitulés respectivement, Livre des Visionset
Livre des Paroles.Prenant l'habit des Frères Prêcheurs au couvent dominicain d'Avignon durant l'été 1292, Robert fit profession dans l'Ordre à Carcassonne, où se tenaient les assises d'un chapitre provincial, le 27 juillet 1293. Le lendemain, le nouveau profès devait confirmer ses dispositions testamentaires en présence de divers témoins, parmi lesquels Guillaume de Nogaret et le futur Jean XXII, Jacques Duèse. Faisant partie d'une génération inquiète, celle qui compte entre 15 et 20 ans au lendemain du concile de Lyon II (1274) — très exactement le contemporain de Dante et de Maître Eckhart — Robert est, comme eux, l'enfant de la fin d'un siècle. Les péripéties du drame qui secoue alors l'Église, consécutives à la longue vacance du Saint-Siège, d'avril 1292 à mars 1294, coïncident chez Robert avec la phase cruciale d'une crise toute personnelle. La nécessité pour lui de se construire une identité nouvelle vient rejoindre, au plus intime de lui-même, un profond désir de réforme évangélique,
tam in capite quam in membris(l'expression se trouve sous sa plume). Placé en marge par sa naissance seigneuriale, par ses talents d'orateur et d'écrivain, qui sont grands, les composantes de sa personnalité achèvent de faire de Robert, figure fascinante, un homme à part, une sorte de Vauve-nargues égaré dans un siècle peu décidé à faire leur place aux mélancoliques.
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