— 1. Vie. — 2. Œuvre. — 3. Doctrine.

1. VIE.

— Originaire de Caen, Roger apparaît comme un des premiers disciples d'Herluin † 1078, fondateur de l'abbaye du Bec. Sa vie est assez mal connue. C'est sans doute lui que nomme saint Anselme dans une lettre à Maurice du Bec (Ep. I, 74, PL 158, 1137b ; éd. F.S. Schmitt, Opera, t. 3, Édimbourg, 1946, p. 196). Auteur d'un De contemptu mundi, il meurt vers 1095 en son abbaye où il semble avoir passé la majeure partie de sa vie.

2. ŒUVRE.

— Le De Contemptu mundi est un poème de 406 distiques avec pentamètres fréquemment léonins (rimant avec l'hexamètre) qui classe son auteur parmi les meilleurs poètes de son siècle. Il a circulé sous des noms divers : saint Anselme, Aldhelm de Malmesbury, Gilbert Crispin, Nigel Wircker, Alexandre Neckham. Les critiques sont à présent d'accord pour l'attribuer à Roger de Caen d'après l'en-tête d'un ms de l'abbaye du Bec. C'était déjà l'avis de l'Histoire littéraire de France. Migne néanmoins range encore ce poème parmi les oeuvres d'Anselme, malgré son style fort différent. Roger se propose de rappeler aux moines les obligations de leur état ; par suite cette oeuvre a circulé aussi sous les titres de De monachis et De vita monachorum. Il prie ses frères de ne pas faire fi des pages qu'il leur destine car « ce n'est pas la tonsure qui fait le moine, ni la bure grossière, mais la vertu de l'âme et une rigueur sans défaillance ». L'humilité d'esprit, le mépris du monde, la vie pudique et une saine sobriété, voilà le quadrige qui conduira au ciel les moines qui ont promis de convertir leurs moeurs. Qu'ils mettent donc un terme à leurs péchés et à leurs vices pour acquérir les vertus contraires : que devienne humble l'orgueilleux, chaste l'impur…, silencieux le bavard, etc. Quatorze vertus sont ainsi opposées à autant de vices. Après ces admonestations, il en arrive au coeur du sujet : la fuite ou le mépris du monde. Il évoque longuement la vanité de toutes choses : honneurs, pouvoir, noblesse de la chair, richesse, vêtements...

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