— Joan Roiç de Corella naît à Gandía aux alentours de 1430 et meurt, semble-t-il, en 1498. La famille des Corella (Navarre) s'établit à Valence avec les armées de la reconquête de Jaime Ier en 1240. Ses parents participèrent à la construction du monastère de la Trinité de Valence, fondé par les Clarisses de Gandía entre 1446 et 1449. A la mort du père, la mère vint s'établir à Valence, peut-être pour les études de ses enfants. Joan dit qu'il « se nourrit dans les bras de la sacrée théologie » (lettre au duc de Gandía Carlos de Viana). Rapidement, il brille dans les cercles lettrés. En 1471 il apparaît comme exécuteur testamentaire ; en 1477 il arbitre un différend entre nobles, avec le titre de maître en théologie. Qualifié de « révérend », il publie le 4 juillet 1489 l'indulgence attachée à l'autel d'argent de la cathédrale de Valence et Bernat Fenollar loue son art oratoire. Il est sûr que Roiç ne fut pas marié ; quelques indices laissent penser qu'il a pu être ecclésiastique. 877 Les deux aspects, profane et religieux, de son oeuvre littéraire ne permettent pas de trancher. Dans sa Tragedia de Caldesa (vers 1457), il décrit lyriquement une passion amoureuse ; de la même période datent des poèmes sur l'amour humain. Entre 1461 et 1480, il perfectionne son style dans des récits à la manière d'Ovide et dans des petits traités moraux, comme Trihunfo de les Dònes, Vida de Santa Anna. En 1482 sa Sepultura de Mossèn F. Aguilar est pleine de symboles renaissants. Son style élevé, affecté et réthorique s'inspire de Sénèque, Ovide, Boccace, Dante et Pétrarque. Carlos de Viana tenait son sujet en haute estime, du moins comme écrivain (« dulce estilo, palabras plausibles y de culto compás y sentencia »). En 1470, dans sa maturité, Roiç commence à écrire sur des sujets religieux : ses poèmes à Marie, son Tractat de la Concepció (aujourd'hui perdu), ses traductions du psautier et de la Vita Christi de Ludolphe le Chartreux, les magnifiques récits de l'Historia de Josef et de La historia de Santa Magdalena ; cette dernière, datable des années 1482-1492, est le meilleur exemple de sa prose. Ses vers de onze pieds, avec césure au...

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