— Nous connaissons sa vie par un opuscule de quatre-vingt-six pages que lui a consacré Paul du Saint-Sacrement, carme déchaussé † 1673 (DS, t. 12, col. 576-79).
Elle est née en Savoie vers 1612. Son père le sieur Pignier, avocat au barreau de Chambéry, n'eut que cet enfant de son épouse Matthée Poncet. Elle fut dès son enfance prévenue de la grâce. Elle songea à se retirer dans un cloître, mais, sur les conseils qui lui furent donnés, elle se maria à M. Romanet, avocat au Sénat de Savoie (1626), à l'âge de quatorze ans. Ils vécurent dans la chasteté et, un an plus tard, elle convainquit son époux d'embrasser la vie claustrale. Mais leurs directeurs ne furent pas d'accord et leur en dissuadèrent l'exécution en montrant leur rôle important dans la cité. Ils se consacrèrent dès lors aux pauvres. Marguerite s'intéressa plus particulièrement aux filles perdues. Sa maison devint une maison de refuge et un asile pour toutes les filles qu'elle pouvait retirer de leur métier.
Grâce aux confidences faites à son directeur qui les a recopiées, nous pouvons suivre le déroulement de sa vie d'union à Dieu à travers ses journées. Ses confidences s'échelonnent de 1640 à sa mort. Elles décrivent les diverses étapes de l'union de son âme à Dieu avec une grande spontanéité, vérité et justesse. Elle utilise pour sa réflexion l'Imitation de Jésus Christ et le Traité de l'Amour de Dieu de François de Sales. Elle communie chaque jour et sa spiritualité est tout orientée vers l'amour. La fraîcheur de sa pensée éclate dans son commentaire du Cantique des Cantiques qui est un texte original et de valeur. Elle avait fait du Cantique l'objet de sa méditation assidue pendant les
Paul du Saint-Sacrement, Idée de la véritable piété en la vie, vertus et écrits de demoiselle Marguerite Pignier, femme de feu noble Claude-Aynart Romanet, avocat au Souverain Sénat de Savoie, Lyon, 1669. — H. Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. 6, p. 314-33. — DS, t 4, col. 1613.
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