— Turranius Rufinus est né vers 345 à Iulia Concordia (Venetia et Histria), petite cité entre Altinum et Aquilée (Concordia Sagittaria, au sud de Portogruaro, Vénétie) ; il était issu d'une bonne famille (Pallade, Historia lausiaca = HL 46, éd. Butler, p. 135). — 1. Moine à Aquilée et en Orient. — 2. Traducteur et auteur à Rome. — 3. Influence spirituelle.

1. RUFIN, MOINE À AQUILÉE ET EN ORIENT (jusqu'en 397).

— 1° Formation à Rome. Baptême et initiation à la vie ascétique à Aquilée. — Entre 358/60 et 366/8 environ, Rufin fait à Rome des études latines normales de grammaire et de rhétorique ; il acquiert une solide connaissance des auteurs latins classiques, dont il se détourne ensuite, mais ne connaît pas encore le grec. Il est le condisciple de Jérôme et de Bonose (Jérôme, Ep. 3), peut-être aussi d'Héliodore. Dans son Apologie contre Jérôme (Apol. I, 4, CCL 20, p. 39), Rufin déclare qu'il a reçu le baptême à Aquilée, un peu moins de trente ans auparavant, soit en 371 ou 372. Il vivait déjà dans une communauté monastique (iam positus in monasterio), celle qui regroupait les clercs d'Aquilée autour de l'évêque Valerianus quasi chorus beatorum (Jérôme, Chron. ad an. 374). Chromace qui était prêtre, l'archidiacre Iovinus et le diacre Eusebius, frère de Chromace, lui donnèrent l'onction baptismale (signaculum fidei), après l'avoir instruit. Eusebius en particulier fut son père spirituel et son maître dans la foi. Rufin étudie les auteurs latins chrétiens, en particulier Cyprien qu'il considère comme le martyr par excellence (Praef. in om. S. Basilii, CCL 20, p. 237) et Tertullien dont son compatriote Paul de Concordia lui a prêté les oeuvres. De Trèves, Jérôme lui envoie une copie de sa main du De synodis et du Tractatus super Psalmos d'Hilaire de Poitiers. Il possède aussi les Commentaires sur le Cantique des Cantiques de Reticius d'Autun (Jérôme, Ep. 5, 2). 2° A l'école de Didyme et des Pères du désert, à...

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