Auteur : Jean-Claude MARGOLIN.
 
Tome 14 - Colonne 672
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Titre de l'article : SERVET (MICHEL), 1511-1553.
Début de l'article :
— « Michel Servet eut la singulière infortune d'avoir été brûlé deux fois, en effigie par les catholiques, et par les protestants en chair et en os » (Roland H. Bainton). En effet, pour ce médecin espagnol, plus marquante que sa découverte de la circulation pulmonaire, plus angoissante que son analyse décapante du dogme traditionnel de la Trinité débouchant sur une position radicalement antitrinitaire, est la marche au supplice dans la cité de Calvin ou la flamme du bûcher de Champel. — 1. Vie. — 2. Positions théologiques et spirituelles.
1. VIE.
— Les derniers travaux sur Servet (ou plutôt Miguel Serveto Conesa, ou encore Miguel Serveto y Reves) semblent avoir tranché pour la date et le lieu de sa naissance : le 29 septembre 1511 (et non en 1509), à Tudela, en Navarre, et non à Villanueva de Sigena dont sa famille, noble et pieuse, était originaire, dans la province de Huesca et le diocèse de Lerida. Il a dû passer son enfance et sa jeunesse dans sa province, sur les bords de l'Alcanadre. Son père était notaire, il avait un frère prêtre, et il adopta vite le pseudonyme de Villanovanus, du nom de la bourgade de sa famille. C'était le temps où l'Espagne, après la période de violente intolérance qui lui avait fait expulser les Juifs en 1492, connaissait une période d'accalmie. Mais l'Inquisition n'en était pas pour autant une institution périmée. C'était le 673 temps où dominait la figure du cardinal Ximénès de Cisneros, ce réformateur franciscain, chancelier du royaume, humaniste consommé (université d'Alcalá de Henarès, Bible polyglotte). C'était aussi le temps où le mysticisme, non encore suspect, des alumbrados inclinait vers une chrétienté rénovée, où les valeurs d'amour et de paix auraient plus de prix que l'observance rigoureuse et desséchante des prescriptions et restrictions héritées de l'Église médiévale. En 1525 ou 1526, le jeune Michel se trouve au service de Juan de Quintana, docteur de la Sorbonne et membre important des Cortès d'Aragon. Celui-ci était un esprit libéral, ouvert à l'influence d'Érasme, qui dominait alors presque toute l'Espagne cultivée ; cependant il se prononça contre Érasme à la Conférence de Valladolid de 1527, à propos de...

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