Auteur : Simon LÉGASSE.
 
Tome 14 - Colonne 679
Acheter l'article complet
5 €
Titre de l'article : SERVICE, SERVITEUR.
Début de l'article :
— I. ÉCRITURE SAINTE. — II. RÉFLEXIONS.
I. Écriture Sainte
Le substantif français « serviteur » correspond pratiquement à un seul mot de l'Ancien Testament hébreu : ‘ebed. Dans le Nouveau Testament par contre, il 680 traduit quatre mots grecs qui, malgré leur parenté, ne sont pas synonymes, à savoir doulos, diakonos, hypêretês et pais. Ces termes, avec leur famille respective, n'ont pas le même degré d'enracinement vétéro-testamentaire, surtout si l'on s'intéresse à leur portée spirituelle et religieuse. Mais tous les quatre reçoivent chez les premiers auteurs chrétiens un usage au moins partiellement théologique. C'est à ce dernier que s'attacheront les lignes qui vont suivre. Centrées sur le Nouveau Testament, elles n'omettront pas de signaler les antécédents bibliques et juifs.
1. SERVITEURS DE DIEU ET DU CHRIST.
— 1° Chez les Grecs, y compris les représentants tardifs de l'hellénisme, le vocabulaire de l'esclavage (douleuein, doulos, etc.) est exclu le plus souvent du langage religieux. On l'explique en partie d'après la valorisation extrême de la liberté individuelle dans la conception grecque de l'homme, ce qui, par voie de conséquence, affecte le vocabulaire en question d'une note de mépris. L'idéal cynique, qui pourtant n'est pas sans côtoyer le christianisme à plus d'un titre, est d'établir un individu « roi » et « maître » (Épictète, Entretiens III, 22, 49), dégagé de tout ce qui ferait obstacle à son autonomie. Seul le sage incarne ce type, les autres sont des « esclaves » (douloi), fussent-ils sénateurs, consuls et amis de César (ibid., IV, 1, 7-23). Par ailleurs, les Grecs se représentent les dieux moins comme des personnages majestueux et inaccessibles que sous les traits familiers voire familiaux (Zeus, père des dieux et des hommes), peu conformes aux rapports que crée la condition servile. La prostration, geste de l'esclave devant son maître, est exclue des cérémonies païennes. Diogène s'efforça, dit-on, d'en guérir les dévots (Diogène Laërce, VI, 37) et Plutarque se gaussait des Juifs et de leurs imitateurs qui la...

[...]



Cet extrait est constitué d'environ 1 page et l'article complet contient 32 pages.