Auteur : Jean-Paul MAISONNEUVE.
Tome 14 - Colonne 859
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Titre de l'article : SILOUANE, starets, 1866-1938.
Début de l'article :
— Syméon Ivanovitch Antonov est né en 1866 au village de Chovsk, dans la province de Tambov (Russie centrale). Sa jeunesse paysanne, influencée par un père profondément croyant, ne fut pas exempte de graves manquements aux commandements. Après son service militaire effectué à Saint-Pétersbourg, il va visiter Jean de Cronstadt († 1908 ; DS, t. 8, col. 447-49), puis part pour le Mont Athos en 1892. Il fit partie du monastère des Russes, Saint-Pantaleimon ; il devint « skhimnik » (moine du grand habit) en 1911. De constitution robuste, il assura diverses charges matérielles (meunier, économe), tout en vivant à l'écart. Il participait à la liturgie et recevait des visites, particulièrement celles de moines qui lui demandaient conseil. Silouane (Sylvain) mourut à l'infirmerie du monastère le 24 septembre 1938.
L'impressionnante figure du starets serait restée enfouie dans le silence de sa vie cachée dans « la prière pour le monde entier » si son disciple, l'archimandrite Sophrony, ne l'avait fait connaître en publiant sa vie, ses quelques écrits spirituels, accompagnés de considérations théologiques qui ne trahissent pas son maître.
Silouane réalise — avec une authenticité conforme à ce que l'Occident peut connaître par exemple à travers la figure du Zosime desFrères Karamazovde Dostoïevsky — l'idéal du monachisme orthodoxe hérité de la grande tradition des Pères du désert. Y retentit cependant une note où vibre déjà le drame du monde moderne. Le starets éprouve intérieurement combien l'amour s'est refroidi et l'orgueil a pris le dessus. Cela donne à sa vie mystique en Dieu une résonance apostolique, qui se résume dans l'amour des ennemis comme pierre de touche de la vérité, l'Église étant le lieu même où surgit cette grâce venant de l'Esprit Saint. Une autre note, elle aussi très moderne, apparente certainement Silouane à Thérèse de l'Enfant-Jésus : le dépouillement dans la vie d'oraison ; la prière de Jésus, fine fleur de la tradition hésychaste, le tient à distance des « pensées », livre son âme à la pure miséricorde, la détache complètement du souvenir de ses fautes passées et l'établit dans une compassion sans limites pour toute créature, tout homme, jusqu'aux démons.
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