— Né vers 1460 à La Ferté-Bernard, docteur de la faculté de théologie de Paris, Jean Glapion devint, en 1508, gardien du couvent des observants à. Bruges : il y fut un ardent promoteur de l'observance dans les Pays-Bas en face de Boniface de Ceva, champion des conventuels (DS, t. 1, col. 1857-1859 ; t. 6, col. 18). Puis vint le temps des grands emplois à Rome (1516-1519) : commissaire général pour la partie ultramontaine de l'ordre, procureur de l'ordre tout entier en 1518. De 1519 à 1521, il revient en France comme provincial d'une des deux régions formées par la nouvelle répartition de la France franciscaine. On ne saurait sous-estimer son rôle politico-religieux de confesseur et de conseiller de Charles Quint aux premières heures de l'explosion luthérienne (1520-1522), ni ses relations étroites avec Érasme qui l'honorait de son amitié. Alors qu'il se préparait à partir vers le Nouveau Monde comme missionnaire, il fut atteint d'une infection maligne ; il mourut le 14 septembre 1522, à Valladolid. On n'a plus que des lambeaux de sa correspondance avec les grandes personnalités du temps ; parmi les cinq sermons restés manuscrits, le plus intéressant est l'énorme carême prêché à Nancy en 1520. En fait, c'est plus qu'une station : une encyclopédie moralisante et probablement le fonds commun de ce qu'il a prêché ici et là. Le tableau qui s'en dégage montre une société satisfaite et corrompue, très ignorante dans ses couches populaires plutôt qu'inquiète religieusement. Outre trois règlements disciplinaires et des écrits polémiques touchant la réforme de l'observance, signalons une Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ représentée dans les cérémonies de la messe, un Mémoire touchant les erreurs dogmatiques les plus grandes contenues dans le De captivitate babylonica de Luther, qui fut présenté à Grégoire Brück † 1557, chancelier de Frédéric de Saxe, à l'occasion des négociations de la diète de Worms (1521). L'écrit le plus intéressant du cordelier est le Passe-temps du pèlerin de la vie humaine. Cet opuscule, destiné à préserver « le poure peuple… touchant plusieurs erreurs qui ont esté semées depuis peu par la crestienté » (préface à Charles Quint), nous est parvenu en cinq manuscrits de langue française et...

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