Titre de l'article : SOLITUDE.
Début de l'article :
— Comme toutes les réalités anthropologiques fondamentales, la solitude se prête à des approches non seulement diverses, mais largement divergentes. On peut faire un inventaire psychosociologique des situations de solitude, aisément repérables dans l'ordre phénoménal : isolement spatial, séparation affective, marginalisation sociale ou culturelle, mécanismes d'exclusion et de rejet. On peut aussi en tenter, au fil des différents courants de la pensée existentielle, une investigation réflexive. La solitude apparaît alors comme une donnée permanente de la condition humaine, l'indice d'un statut ontologique irréductible à celui des choses, une épreuve décisive de « l'approfondissement dans l'existence ». On peut enfin en faire une lecture théologique, nourrie par la longue expérience des hommes spirituels, affrontés au
1008 « seul à seul » avec Dieu, comme en témoignent à la fois les traditions ascétiques et mystiques des religions du monde, et le déploiement historique de la Révélation chrétienne.
Mais il ne saurait être question de juxtaposer ces différentes approches comme si chacune se suffisait à elle-même et livrait immédiatement son sens. En fait, à quelque niveau qu'on se place, on est conduit à constater l'ambivalence que recèle l'expérience de la solitude, et à pressentir qu'affleure là un unique enjeu spirituel de mort ou de vie, de vérité ou de mensonge. C'est ainsi que, d'un point de vue purement phénoménal, nos sociétés à forte densité urbaine et à techniques de communication hautement performantes permettent un prodigieux brassage d'humanités ; mais ces mêmes sociétés sont aussi celles qui secrètent des formes inédites et mortifères de solitude à une échelle sans doute inconnue jusqu'à ce jour. Cette ambivalence des formes phénoménales de la solitude n'est pas tant levée qu'accentuée par la réflexion : promotion personnelle de l'existence, condition d'avènement de la conscience de soi et de la liberté, la solitude peut aussi être le signe d'un échec de la relation et même d'une redoutable déréliction ontologique. Enfin, la foi biblique, loin de supprimer cette ambivalence, l'a en quelque sorte portée à l'incandescence : il suffit de rappeler la métaphore spatiale du désert qui convoque en elle, sans en épuiser le sens,...
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