Auteur : Pierre SEMPÉ.
 
Tome 14 - Colonne 1086
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Titre de l'article : SOUFFRANCE.
Début de l'article :
Plusieurs articles du DS traitent de la souffrance, ainsi Abandon (t. 1, col. 2-49), Conformité à la volonté de Dieu (t. 2, col. 1441-69), Mal (t. 10, col. 122-36), Maladie (t. 10, col. 137-52), Passion (t. 12, col. 312-38), Patience (t. 12, col. 1087 438-76), sous l'angle indiqué par leur titre. Avant d'esquisser une vue d'ensemble des différents discours qu'elle a suscités au cours des siècles, rappelons quelques idées préalables qu'il importe d'avoir présentes à l'esprit avant d'aller plus loin. Quand on parle de souffrance, il s'agit généralement de la souffrance des autres ; quand on souffre soi-même, on n'a guère la force ou le coeur d'en parler. Il est utile de distinguer souffrance individuelle et souffrance collective (catastrophe, guerre, oppression, etc.). Même collective, la souffrance tend à isoler les individus, et le discours sur la souffrance est souvent individualiste. Devant la souffrance, chacun réagit à sa manière, et en chacun différentes réactions se suivent et se mêlent : passivité, fuite, révolte, lutte (solitaire, collective, appel aux autres). Les réactions spontanées ou secondaires des individus souffrants sont souvent accompagnées ou justifiées par des maximes en usage dans leur groupe social ; elles sont reprises, argumentées ou combattues par différents discours sur la souffrance. Ces discours, rarement élaborés par ceux-là même qui souffrent, sont l'oeuvre de témoins de ces souffrances, professionnelles surtout. Médecins ou psychologues, poètes, philosophes ou théologiens, s'efforcent de comprendre la souffrance, pour la calmer ou la guérir, l'embellir ou l'expliquer. Les discours médicaux, psychologiques, sociologiques, politiques, philosophiques, poétiques ou religieux sur la souffrance s'interpénètrent. En traitant du discours religieux sur la souffrance, il est impossible de le séparer entièrement des autres.
1. ANTIQUITÉ GRECQUE ET ROMAINE.
— Au début de l'Odyssée, « le Père des hommes et des dieux » se plaint ainsi : « Ah ! vraiment, de quels griefs les mortels ne chargent-ils pas les dieux ! C'est de nous, à les entendre, que viennent leurs maux ; mais...

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