Auteur : Pierre ADNÈS.
Tome 14 - Colonne 1211
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Titre de l'article : STIGMATES.
Début de l'article :
— Certains êtres humains sont porteurs d'altérations cutanées qui varient selon les sujets, mais ne se situent qu'en un petit nombre de points du corps, toujours les mêmes (mains, pieds, côté, front). L'apparition de ces altérations, qu'on appellestigmates, s'inscrit dans le contexte d'un mouvement de ferveur religieuse spéciale dont l'objet se réfère à la passion du Christ et à ses plaies. C'est par là que le phénomène intéresse la spiritualité.
Historique du mot.
stigmatevient du latin
stigmata, pluriel de
stigma, translittération du grec, qui désigne un signe imprimé sur le corps au moyen d'un instrument pointu (= tatouage) ou d'un fer rouge (= marque distinctive). Dans l'antiquité gréco-romaine, portaient une marque de ce genre les animaux domestiques (bestiaux, chevaux), les malfaiteurs condamnés aux travaux forcés, les esclaves voleurs ou fugitifs quand ils étaient repris. A l'époque impériale, il semble qu'on en soit venu à marquer tous les esclaves pour en indiquer le propriétaire, et que le conscrit de l'armée romaine ait reçu un tatouage comportant le nom abrégé de l'empereur (Ambroise,
De obitu Valentiani consolatio58, PL 16, 1376-77). Mais à la différence de la marque de l'esclave, qui était imprimée sur le front, le tatouage du soldat se trouvait sur la main (Aetius Amidenus,
Libri medicinales8, 12, coll. Corpus Medicorum Grecorum 8/2, Berlin, 1950, p. 417, 24). Chez les peuples de l'Orient antique (Égyptiens, Syriens, Daces, Sarmathes, Thraces, Éthiopiens, etc.), outre l'usage de marquer le bétail et les esclaves, existait la coutume d'avoir des marques faites dans la chair comme signes de l'appartenance à une tribu déterminée ou bien à une divinité particulière (Apollon, Dionisios, Hadad, la Magna Mater, Mithra). Hérodote montre la signification de ces signes : celui qui les reçoit est consacré à la divinité, en devient le serviteur, et pense devoir en obtenir la protection (
HistoiresII, 113, coll. Budé, 1936, p. 140, 10). Objet de mépris pour un Grec, ils faisaient la fierté des Barbares (V, 6, coll. Budé, 1946, p. 20, 5).
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